Lou-Ann a intégré le village de Bourges en août 2020. Cinq ans plus tard, elle le quitte, son bac en poche, pour poursuivre des études supérieures, près d’Orléans, avec l’ambition de devenir éducatrice spécialisée.

 

Dans quelles circonstances es-tu arrivée au village de Bourges ?

J’ai perdu ma maman quand j’avais 9 ans. La gestion de ce deuil puis l’entrée dans l’adolescence ont tendu les rapports à la maison. Mon père s’est appuyé sur Orphéopolis et la référente sociale de l’époque nous a parlé du village. J’avais 13 ans quand je suis arrivée et j’entrais en 4e. J’ai vécu cinq ans dans la même maison, Malaïka. Cela crée des liens !

Le village offre un cadre qu’on ne trouve pas forcément au sein du foyer familial, un cadre qui nous permet d’évoluer. Les éducateurs sont très présents, ils nous accompagnent dans notre vie quotidienne et toutes nos démarches. La maîtresse de maison joue aussi un rôle important dans l’acquisition de l’autonomie et la cohésion du groupe. Nous apprenons à nous occuper de la maison, à cuisiner, nous faisons notre ménage… Nous faisons aussi beaucoup d’activités. C’est toute une équipe qui est à nos côtés au quotidien !

 

Qu’est-ce qui t’a le plus marquée à Orphéopolis ?

J’ai vraiment apprécié l’ambiance. Orphéopolis, c’est comme une deuxième famille, un deuxième foyer. Il y a énormément de solidarité. Au sein de Malaïka, nous nous sommes toujours serré les coudes. Dès que quelqu’un a un problème, tout le monde se mobilise. Nous étions très souvent ensemble, dans la pièce commune, pour discuter de nos journées, faire des jeux, regarder un film…

Je garde aussi un très bon souvenir de la célébration des 100 ans d’Orphéopolis. Nous sommes venus au siège et j’ai rencontré tous ceux qui gèrent l’institution : une vraie communauté qui s’occupe de nous ! Je me souviens de mon témoignage sur scène, dans ma belle robe, devant cette incroyable assemblée. J’ai même gardé précieusement le menu du dîner dans ma boîte à souvenirs ! J’y mets tout ce qui me rappelle les bons moments. Et beaucoup de ce qu’elle contient à un lien avec Orphéopolis : les photos prises des fêtes dans le village comme les Noëls, les journées à l’extérieur, les colos…

J’ai vécu aussi d’incroyables moments dans ces colonies de vacances. J’ai commencé à 9 ans, avant même d’être au village : les Pyrénées, Saint-Raphaël, Rivesaltes, Tréveneuc. Je suis également allée à New York lors des vacances d’automne et l’été dernier, je suis partie en Californie. Les premiers voyages m’ont habituée à la collectivité. J’ai découvert la France : il y a beaucoup d’endroits magnifiques. Puis les États-Unis, ce qui a accentué mon envie de découvrir le monde, d’autres cultures, d’autres paysages… L’année prochaine, j’espère participer à un des voyages solidaires.

 

Comment te projettes-tu ?

Je viens d'intégrer ma formation d’éducatrice spécialisée : une alternance d’école et de stages pendant trois ans. Pour l’instant, je suis davantage attirée par la protection de l’enfance mais je n’ai pas encore découvert tous les domaines d’exercice possibles. Avant d’arriver à Orphéopolis, je ne connaissais pas ce métier. Aujourd’hui, j’ai envie de m’occuper des gens qui vivent des situations difficiles et participer à leur insertion dans la société.

J’ai trouvé un studio à proximité de mon école. Vivre seule est un peu étrange après avoir partagé le quotidien de sept autres jeunes à Malaïka ! Cela représente beaucoup de responsabilités d’un coup mais on nous y a bien préparé dans le village. J’ai grandi avec du soutien, de l’amour et un cadre de vie stable. Merci pour tout cela !